Du domaine

Espérides 1001

Pour pénétrer dans le domaine il faut une certaine patience, y revenir souvent, et « le passage se crée ».

Le basculement s’opère et on voit tout autre chose, un dépassement de l’habitude et l’espace s’ouvre et raconte ses histoires, le temps remonte.

Arthur Jambon est passé maître dans cet art, visiter le domaine avec lui n’est pas sans risque. Apprendre à voir autrement, la vérité derrière les choses, c’est ne plus se satisfaire du « déjà-vou ».

« Il connait dans l’île des lieux -bien circonscrits : un roc fendu par la foudre, une souche de cornouiller qu’on a toujours vue là et qui ne veut pas mourir – pleins de force, d’efficace et de bonté. c’est là qu’il faut aller se recueillir, demander, remercier. Ailleurs, à l’église qu’on laisse un peu aux femmes, c’est du temps perdu. Il ne dira pas où ni comment les trouver : les découvrir et savoir ce qu’ils nous veulent est l’affaire de chacun. Ils ne se signalent par rien mais restent tapis au sol avec leur charge de cadeaux et de menaces. Que vous les approchiez par la gauche ou par la droite et votre journée sera différente. p.46  »

Journal d’Aran et d’autres lieux – Nicolas Bouvier